Christelle and Manuela
Indispensable pour le bon déroulement d’un match, arbitrer est d’abord une vocation avant d’être une fonction. Nous mettons en lumière deux jeunes dames qui officient sur les terrains du Cameroun et au-delà : Christelle Madjio Libawo et Manuela Tchatchoua. Ces quelques lignes vont nous permettre d’être dans leur peau quand elles font un coup de sifflet. 

Bonjour et merci de nous accorder cet entretien. Comment es-tu devenue arbitre ?

Manuela : J'ai commencé par observer les matchs de vétérans le dimanche et je me suis rendu compte qu'il y avait d'autres activités en dehors du jeu. Le travail d'officiel de table de marque m'a semblé assez facile et j'ai donc commencé à officier durant les compétitions vétérans dans ma ville sous la conduite de Monsieur MOUATCHO. Ensuite, après avoir rencontré les arbitres MOUGNOL, SEPPO et ENGUENO qui m'ont encouragé à venir me perfectionner dans la ligue du Littoral, j'ai passé toutes mes vacances dès la classe de troisième dans la ville de Douala où j'ai officié en tant que OTM. Après mon baccalauréat, j'ai posé mes valises à Yaoundé où j'ai intégré la LBC jusqu'à ce jour.
Christelle : Mon intérêt pour l’arbitrage est venu quelques temps après mon intégration dans l’équipe féminine du lycée Manengouba de Nkongsamba dans le Moungo. Il arrivait que le coach nous confie, à Manuela et moi, la tenue des feuilles de marque. Avec la pratique la passion est née et c’était le début de l’aventure qui se poursuit désormais du coté de Yaoundé.

Devenir arbitre international demande beaucoup de travail et de sacrifice quel est le secret de ta réussite ?

Manuela : Je pense avoir le secret le moins caché du monde. Je fais de mon mieux pour atteindre mes objectifs, je me mets dans les meilleures conditions (physiques et techniques) pour fournir des performances de qualité.
Christelle : J’y suis parvenue grâce aux encouragements de mon entourage, un bon encadrement et la force de ma motivation..

Devenir internationale ne représente certainement pas pour toi une fin en soi, comment te motives-tu pour devenir une version améliorée de toi-même ?

Manuela : Je ne m'endors pas sur mes acquis. J'essaye de me mettre à jour sur tous les plans.
Christelle :Chaque fois que je fais face à une difficulté ou une frustration, je la transforme en défis à surmonter.

Raconte-nous une expérience désagréable vécue lors d’un match.

Manuela : Rien de particulier. Mais les propos déplacés des coaches et des joueurs sont assez désagréables quand on sait que nous (acteurs du basket) avons une image à donner à ceux qui nous regardent.
Christelle : Je me souviens d’un championnat national dame à Buéa, j’ai reçu des insultes d’un coach qui est allé jusqu’à vouloir porter atteinte à mon intégrité physique.

As-tu la même préparation pour tous les matches ?

Manuela : Même s'ils n'ont ni les mêmes enjeux ni la même intensité, je les prépare pareillement.
Christelle : Je garde la même routine avant tous les matchs.

Quel est ton secret pour gérer la pression des joueurs, des coaches ou du public ?

Manuela : Je pense juste à faire de mon mieux avec beaucoup de sérieux et de concentration. Avoir la pression (la bonne) aide à bien faire son travail.
Christelle : Chaque fois que je prends le sifflet pour arbitrer je fais le vide dans ma tête ce qui me permet de rester concentrée sur la rencontre. Mon autre secret c'est une petite prière que je fais à Dieu, quand ça devient très difficile sur le terrain

Quelles sont les différences entre les compétitions nationales et les compétitions internationales ?

Manuela : Les compétitions locales n'offrent pas les conditions optimales aux officiels techniques (nombre de rencontres par jour, matériel, infrastructures) par ailleurs, les mentalités sont différentes (nombreux sont les coaches et joueurs qui se permettent des égarements) contrairement aux compétitions internationales où tout est mieux structuré.
Christelle : La différence c'est au niveau du professionnalisme dans l’organisation.

Comment se passe une compétition internationale pour un arbitre convoqué ?

Manuela : La compétition ne se limite pas à diriger les rencontres sur le terrain. Des activités sont organisées pour permettre à l'arbitre d'être concentré sur son travail, il s'agit des séances de fitness, de recyclage et débriefing.
Christelle : Je vous répondrais dans quelques mois

Qu’est-ce qu’un bon arbitre pour toi?

Manuela : Pour moi, un bon arbitre est honnête et impartial avant tout.
Christelle : C'est une personne qui a une très bonne maîtrise du code de jeu, des différentes mécaniques, des interprétations et à la capacité de sentir le jeu. Il est également assez posé, constant et toujours en train de se remettre en question.

La carrière d’un arbitre peut être très riche : quelle est la compétition qui te fait le plus rêver ? Pourquoi ?

Manuela : Sans hésiter les Jeux Olympiques. Pour moi c'est la compétition la plus prestigieuse au monde car elle réunit les élites mondiales.
Christelle : La compétition qui me fait le plus rêver est la coupe de monde parce-que c'est un rêve que je chérie depuis que j'ai commencé à évoluer dans l'arbitrage, j'aimerais pouvoir participer à ce niveau de compétition.

Il y a peu d’arbitres femmes, quelles en sont les causes ?

Manuela : Je pense que cela peut être dû à un manque de confiance en soi. Il faut essayer si on veut réussir et surtout croire qu'on peut y arriver peu importe les difficultés.
Christelle : Très bonne question qui d’ailleurs est le sujet de mon mémoire de fin d’étude. J’espère pouvoir apporter des solutions efficaces à cette problématique dès la fin de ce travail.

La sensibilisation à la pratique de l’arbitrage est-elle suffisamment faite ?

Manuela : Au niveau de la LBC il y a un travail mené mais cela doit être appuyé par les entraîneurs qui peuvent exposer cette option aux joueurs assez tôt.
Christelle : Pas suffisamment, si pendant les entrainements on pouvait consacrer un peu de temps à l’arbitrage, ça ferait naître des vocations. On pourrait aussi confier l’arbitrage des matchs amicaux aux joueurs.

Comment l’arbitrage est perçu par la société selon toi ?

Manuela : Difficile à dire. J'ai l'impression que vu de l'extérieur le travail de l'arbitre semble facile et parfois même inutile.
Christelle : l'arbitrage est perçu par la société comme une perte de temps, il n'est pas valorisé parce que certains ne savent pas qu'on suit une formation pour devenir arbitre et banalise ce travail.

Dis-nous quelques mots sur Christelle.

Manuela : Christelle est persévérante et Volontaire j'aime bien officier avec elle.
Christelle : Manuela est une bonne arbitre qui a une bonne maîtrise du code de jeu, rigoureuse et professionnelle.

Que t’a personnellement apporté l’arbitrage ?

Manuela : Le fait d'être arbitre m'a permis d'être plus disciplinée et rigoureuse dans ce que je fais.
Christelle : L'arbitrage m’a apporté beaucoup : je suis devenue plus responsable et gère mieux les situations conflictuelles dans ma vie de tous les jours. J’ai aussi plus confiance en moi grâce aux divers trophées (2016 espoir dame du centre, 2017 meilleure arbitre du centre et du tournoi des Go, 2019 meilleur arbitre des JU de Dschang) et nominations (2015 arbitres espoir du Centre, 2018 meilleurs arbitres du centre).

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